HARCELEMENT MORAL PROFESSIONNEL :

ROMPRE LE SILENCE 

 

 

La période d'identification évoquée un peu plus haut a certainement dû vous paraître assez difficile d'accès : d'un coté la victime, de l'autre le harceleur et enfin les conditions du harcèlement professionnel à identifier.  

 

En réalité, le harcèlement sur le lieu de travail a été pris en compte par le législateur que très tardivement. Il demeure encore délicat à identifier tant il mêle le subjectif à l'objectif : les faits et le ressenti. Mais force est de constater que les langues se délient en France et que les choses avancent dans l'intérêt de la victime. Un juste équilibre est recherché entre l'entreprise et le salarié.

 

Comme je vous l'indiquais, la première des attitudes à adopter quelle que soit votre situation, c'est celle de rompre le silence . La parole a un effet libérateur  et par la même bénéfique ; elle permet bien souvent de vous aider à identifier votre situation au vu des faits retracés. Ne tardez pas dans cette démarche . Je vous propose donc quelques pistes pour sortir du silence à adapter en fonction de votre personnalité et de votre environnement.

Généralement il est d'usage de se confier à son entourage car il est le seul à bien vous connaître ; mais pas seulement, votre univers professionnel peut aussi vous aider. En effet votre supérieur hiérarchique peut être une oreille attentive ou bien encore votre collègue le plus proche en qui vous avez déposé votre confiance.

 

Premier petit truc : mémo, cahier ou agenda .

Avant et pendant toutes ces démarches, je vous conseille de prendre un cahier ou un agenda spécialement prévu à votre souci où vous consignerez par écrit ou par annotation chaque semaine ce qui , selon vous, porte atteinte à vos conditions de travail . Parfois, ces agissements se répètent même plusieurs fois par jour, notez tout dans les moindres détails ! Oui, car tous détails comptent. Rappelez vous qu'il n'est pas nécessaire non plus que votre situation s'inscrive dans la durée, et heureusement ! Enfin, sachez que l'écriture permet aussi de prendre conscience de votre situation et de vous faire aider en tirant la sonnette d'alarme . Ecrire est donc un bon appui.

 

Si vous n'aimez pas écrire, faites vous des codes et inscrivez des barres en face des indicateurs que vous aurez créés, par exemple, 'il' ou 'elle' me manque de respect = 1 barre, 2 barres etc...

 

Faites des tableaux avec des dates ou tout simplement notez jour par jour ce qui se passe .

 

exemple de tableau à personnaliser :

 

Jour semaine

Fait/incident

Ressenti

lundi

calme plat

Soulagement/bouleau ventre

mardi

humiliation en tête à tête

Colère rentrée/ pleurs

mercredi

rien

Angoisse/pression dans la tête ou la poitrine

jeudi 

on m'a caché mes dossiers

je n'ai plus de téléphone

Stress, peine, mal être

vendredi

silence quand je vais à la salle de pause

Sentiment d'exclusion

 

Deuxième chose : en parler.

Votre interlocuteur peut être personnel : votre conjoint, votre amie, votre famille. Le maître mot dans cette première démarche et de s'assurer que l'on n'est pas seul. Il ne faut pas rester seul. Parfois, cela peut être à double tranchant. En effet, pour des raisons financières, votre oreille personnelle que vous auriez voulu attentive ne le sera pas . Elle n'y aura pas intérêt : « si il perd son travail on sera dans la crotte ». Pas de panique, je suis sure que vous avez d'autres oreilles qui se feront un plaisir de vous écouter par soutien et/ou empathie . Si ce n'est pas possible, il y a d'autres solutions .

Votre interlocuteur peut être professionnel : votre collaborateur, votre collègue ou votre supérieur hiérarchique ou encore votre subordonné.  En effet, chaque entreprise a ses codes et ses frontières, qui mieux que votre collègue les connaît et sait ce qui ne se fait pas ou ce qui est « toléré ». Attention, une porte ouverte pour rompre le silence pourrait se fermer : 'si on sait que je le soutiens je vais moi aussi avoir des ennuis » «  non il ne faut rien dire, on ne sort pas indemne de ce genre de démarche ». Je vous conseille de tourner les talons et de ne pas abandonner . Encore une fois, si ce n'est pas possible d'être entendu, il vous reste une ressource extérieure : les professionnels de santé.

Votre interlocuteur peut être médical comme votre médecin traitant, plus neutre, qui selon votre état vous prescrira même un arrêt de travail pour souffler. Ce type de situation n'est pas prise à la légère par le personnel de santé. Il vous sera peut être proposé une orientation vers un psychiatre ou un psychologue pour organiser une ère de parole et/ou d'écoute de votre histoire professionnelle afin d'y voir plus clair et d'évacuer votre souffrance. Vous n'êtes pas bien et il faut vous faire accompagner pour aller mieux.

Quel que soit votre interlocuteur choisi, il ne pourra que vous aider à verbaliser, à parler et à évacuer votre mal être . Cette démarche pourra vous permettre aussi de relativiser : il y a des situations où tout n'est pas perdu et des astuces auxquelles vous n'auriez peut- être pas penser. D'ailleurs, c'est souvent l'occasion de trouver des solutions comme changer de service, ou carrément aller ailleurs . Le harcèlement moral n'est pas toujours le fait de l'entreprise, c'est bien souvent le fait isolé d'une personne et l'entreprise ne sait pas forcément comment faire pour régler le problème ou n'est tout simplement pas informée . Si tout le monde reste dans le silence ou le déni cela peut durer longtemps et engendrer beaucoup de souffrances au travail !

Vous serez souvent étonné de découvrir que l'on vous soutient bien plus que vous ne l'auriez réalisé avant d'être sorti du silence. Alors faites vous plaisir, donnez-vous la main et PARLEZ !

Si malgré toutes ces pistes vous n'êtes pas réellement pris en charge, si la réponse qui vous est faite ne vous convient pas, il vous faut passer à une étape complémentaire qui est celle de l'action . En clair, vous devez agir pour vous protéger et éviter le renouvellement des faits incriminés sur votre personne: il en va de votre santé morale comme physique.

C'est ce que je vous propose de développer  : l'action .

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